A une certaine époque, l’idée d’élaborer un Centre d’Excellence, dédié au développement managérial et au leadership sur le site d’IBM à La Gaude, était battue en brèche. Et pourtant la vision portée par une équipe solide de volontaires était bien sincère et parfaitement alignée non seulement avec la vocation du site d’IBM, mais surtout avec les potentialités de la Côte d’Azur.
Quoi de plus naturel, que d’utiliser les atouts d’un site « hautement » symbolique précurseur de Sophia Antipolis et d’une région unique au monde pour bâtir un centre de réflexion, de formation sur une terre d’accueil faites pour cela. Le tourisme d’affaires, la culture et la formation vont bien ensemble.
De part sa position, l’entreprise Malongo pourrait être partie prenante de différentes manières dans une telle aventure, en devenant notamment un acteur actif parmi d’autres acteurs pour développer ce « Centre ». Après le « commerce équitable » et le « développement durable » quoi de plus noble que de s’attacher au développement de l’être humain.
Idée « loufoque » ou plutôt « visionnaire » ?
L’actuel Directeur Général d’HEC, par exemple, n’hésite pas à parler du « leadership » comme d’une condition sine que non au maintient de la compétitivité des entreprises française : « L’autorité ne vient plus du savoir, elle vient de la personnalité, du charisme, de la capacité à faire adhérer les hommes à des idées, et surtout de la capacité à les faire travailler ensemble. Ce mouvement nous semble irréversible, et ne fera probablement que s’accentuer dans les années à venir. »
Le Patron des patrons, Jack Welch, ancien Directeur Général de General Electric, nommé manager du siècle : « Je voulais tout changer : les étudiants, le corps enseignant, les programmes et l'apparence physique du lieu. Je souhaitais abandonner les formations fonctionnelles spécifiques afin de concentrer tous les efforts sur le développement des dirigeants. Je voulais pouvoir y toucher l'esprit et le cœur de nos meilleurs éléments, y couler le ciment qui assurerait notre cohésion pendant la mutation.»
René Cassin, Prix Nobel de la Paix en 1968 : « Plus que les villes politiques de New York ou Tokyo, ou La Mecque, ou Rome, Nice est un terrain favorable pour étudier l’avenir de l’organisation de l’humanité et spécialement ce qui doit demeurer propre à certains groupes humains mus par des conceptions sociales voisines et ce qui doit devenir commune à tous les peuples occidentaux ou orientaux, pour rendre la paix possible aux Nations Unies…Dès lors, ont peut espérer que les villes nouvelles, non mêlées aux guerres arabes et étrangères, comme c’est le cas de Nice, sont appelées à jouer un rôle de point de rencontres peut-être menées pour des négociations politiques (la Paix, la Science), le tourisme, l’art, les échanges et d’ordre encore supérieurs… »
Aujourd’hui, les temps sont durs, la « gouvernance » des Entreprises s'affole et se rétracte dans l'extrême court terme, et le Management - qui tend à « subir » - est de plus en plus rarement « aux commandes », en dépit des apparences et des invocations à la « résilience collective » : l'énergie de Direction, de Mobilisation et d'Animation des hommes, dans nombre d'entreprises, est engagée dans des « fuites en avant » de concepts et de « mots d'ordre » qui finissent par sonner creux et qui lassent et « braquent » corps sociaux et personnels : “professionnalisme invoqué”, “messes d'efficacité”, “vêpres de croissance” : les slogans continuent de faire florès... Alors, tant bien que mal, « la nave va... » !
Dans ce contexte et dans cette ambiance de « faux plat » et “d’après-crise dans la crispation”, le management contemporain, n’a pas encore voulu ou pu “faire sa mue” : il reste au stade du « management en crise », incapable, pour l’heure, d’être – avec volonté et imagination – un management de crise, pro-actif, « incarné » et vraiment efficient.
Si « le Management sans conscience n'est que ruine de l'âme », le Management qui se parodie et se « dis-simule » pour aller au bout de lui-même (et, au-delà si possible), n'est que ruine de l'« esprit » et, spécifiquement, de l'« esprit d'entreprise ». Et nombre de logiques de gouvernance semblent se défier des manifestations authentiques du « leadership » : se méfierait-on du talent humain de première ligne, d'« incarnation » et de prise de responsabilité concrète, au point de lui substituer des « systèmes », des « normes », des « procédures », bref du « sécuritaire managérial » ?
Quant aux phénomènes « macro » à la mode du “Zeitgeist” : “commerce équitable”, “développement durable”, “régulation éthique” (sic!), ils commencent déjà à « être coincés dans leurs bulles... ».
Sans valeurs, principes, profondément ancrés (mais jouets de multiples effets d'annonce médiatisés), les mots « équitable » et « durable » restent vides de sens et ne résument qu’une démarche marketing éphémère dont personne n’est dupe quant à son objectif.
La crise actuelle est bien plus profonde qu’il n’y paraît. Elle n’est pas seulement économique, sanitaire, ou environnementale, elle est aussi identitaire, idéologique, épistémologique, démographique et existentielle. L’homme aurait-il perdu sa « raison d’être » ?
C’est pourquoi dans une période de rumeur (savamment entretenue par certains) où l’on entend tout et son contraire, nous tenons plus que jamais à affirmer notre position.
« S’engager signifie qu’il est possible pour un homme (ou un groupe d'hommes) d’assujettir le centre névralgique de son consentement à un objectif ou à une cause, à un mouvement ou à un idéal, qui peuvent lui paraître plus importants que de vivre ou de mourir. »
Howard Thurman, Disciplines of the Spirit, 1963